DARES ANALYSES – La syndicalisation en France
Dans son étude n°025 de mai 2016, la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études statistiques) s’intéresse au taux de syndicalisation en France dans le secteur privé comme public. La CFTC Cadres vous propose de faire le point sur cette étude et sur les grandes tendances qui s’en dégagent.
Un taux de syndicalisation de 20 % dans la fonction publique contre 9 % dans le secteur marchand et associatif
La fonction publique connaît un taux de syndicalisation deux fois plus élevé que dans le secteur marchand et associatif ou seulement 9 % des salariés adhèrent à un syndicat.
Le niveau de syndicalisation est particulièrement élevé dans la fonction publique d’état, notamment dans l’éducation, la formation et la recherche.
Selon la DARES, cet écart important s’explique par les conditions d’emploi, les relations qui les lient à leurs administrations ou à leur employeur, les différentes traditions et modes de représentation syndicale sur les lieux de travail, qui renvoient à des systèmes de relations sociales différentes.
Le taux de syndicalisation augmente avec la taille de l’entreprise
La DARES nous apprend que la taille de l’entreprise est un facteur déterminant du taux de syndicalisation. Cela s’explique par les dispositions législatives, qui imposent, dès lors que l’entreprise occupe au moins 50 salariés, la tenue d’élections professionnelles et la possibilité pour chaque organisation syndicale représentative de désigner un délégué syndical en fonction des scores électoraux aux élections professionnelles.
A l’inverse, la présence syndicale est rare dans les établissements et les entreprises de petite taille. On constate en effet, un taux de syndicalisation de 5 % dans les entreprises de moins de 50 salariés du secteur marchand associatif contre 14 % dans les grandes entreprises du secteur et 19 % au sein de la fonction publique.
Cela explique que dans la fonction publique, où ma représentation par des syndicats ne dépend pas de la taille de l’établissement, il y ait un plus grand taux de syndicalisation.
Le taux de syndicalisation varie selon les secteurs
Le transport connait le plus fort taux de syndicalisation, avec 18 % des salariés de ce secteur qui déclarent être membres d’une organisation syndicale. La DARES explique cette importance par la particularité du secteur qui compte beaucoup de grandes entreprises publiques (RATP, SNCF, la Poste, Aéroports de Paris…).
Dans l’industrie, le taux de syndicalisation est légèrement supérieur à la moyenne nationale avec 12 % de salariés syndiqués. Si les restructurations ou la disparition d’anciens bastions syndicaux ont contribué à un recul de la syndicalisation, le secteur demeure prépondérant puisqu’il emploi 28 % des salariés syndiqués.
L’enseignement, la santé et l’action sociale connaissent également un taux de syndicalisation proche de la moyenne avec 10 % de salariés syndiqués. Ce taux est toutefois moins important que celui du secteur des activités financières et d’assurance qui compte 13 % de salariés syndiqués, tout comme les banques et les mutuelles qui sont marqués par une tradition syndicale ancienne.
A l’inverse, d’autres secteurs ont un taux de syndicalisation inférieure à la moyenne nationale.
C’est le cas notamment des activités de commerce et de réparation automobile avec seulement 6 % de syndiqués, ou de l’hôtellerie restauration et de la construction qui ne comptent que 4 % de salariés membres d’une organisation syndicale. La DARES explique cela par une forte rotation de la main d’œuvre ainsi que du recours important à des contrats de travail à durée limitée (CDD, intérim, travail saisonnier…).
Des taux de syndicalisation élevés dans la fonction publique
La fonction publique connaît un taux de syndicalisation de 20 % qui se réparti ainsi :
- 24 % dans la fonction publique d’Etat (FPE)
- 17 % dans la fonction publique hospitalière (FPH)
- 16 % dans la fonction publique territoriale (FPT)
Les taux varient donc assez fortement d’une fonction publique à une autre, mais également à l’intérieure de chaque fonction publique.
Les métiers de l’éducation, de la formation et de la recherche par exemple ont un taux de syndiqué de 24 %.
Dans la sécurité et la défense, la proportion de salariés syndiqués est encore plus élevée et atteint 32 %. Chez les policiers par exemple, ce taux grimpe à 49 % auprès des agents de police de l’état ou de la police municipale.
Les professions les plus syndiquées
L’étude menée par la DARES conduit à faire émerger les métiers les plus syndiqués.
Dans le secteur marchand et associatif, les salariés des professions intermédiaires (11 %) et les ouvriers (9 %) sont plus syndiqués que les cadres et les employés (7 %).
En revanche, dans la fonction publique, les cadres sont plus syndiqués (23 %) que les professions intermédiaire et les employés (19 %) ou même que les ouvriers (21 %). Dans la fonction publique d’Etat, les cadres sont même 26 % à adhérer à un syndicat contre seulement 17 % dans la fonction publique territoriale.
La syndicalisation est favorisée par la stabilité de l’emploi
Les écarts importants dans le taux de syndicalisation, qu’il s’agisse du privé comme du public, peuvent s’expliquer selon la DARES par plusieurs éléments ayant trait à l’emploi occupé.
Selon la DARES, la stabilité de l’emploi, l’insertion dans un collectif de travail, la connaissance de son environnement professionnel sont des facteurs propices à l’adhésion syndicale. A l’inverse, des conditions de travail plus précaires (contrat court, contrat à temps partiel) constituent des freins à la syndicalisation.
Ainsi, peu important le secteur, il ressort de l’étude que les salariés à temps plein sont bien plus syndiqués que les salariés à temps partiel (exemple : seuls 12,9 % des agents de la fonction publique qui sont en temps partiel sont syndiqués contre 21,6 % des agents à temps plein).
Le type de contrat est également un élément important : seuls 1,2 % des intérimaires sont syndiqués contre 9,9 % des salariés en CDI.
L’ancienneté ou l’âge font également fortement varier le taux de syndicalisation avec un taux, dans le secteur marchand, de 3 % seulement chez les moins de 30 ans contre 13,6 % chez les salariés de 50 à 59 ans.