Homophobie au travail, entre discrimination, rejet et harcèlement
Alors que le 17 mai dernier était la journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, l’association SOS Homophobie a publié le 11 mai dernier son 20ème Rapport annuel sur l’homophobie. Dans ce rapport, l’association fait le constat de l’intolérance, du rejet et de la haine que subissent les homosexuels, notamment sur leurs lieux de travail.
SOS homophobie a reçu en 2015 1.318 témoignages d’actes homophobes dont certains, près de 12 %, correspondent à des discriminations ou du harcèlement directement sur le lieu de travail. Les manifestations de l’homophobie et de comportements malveillant sont encore trop nombreux et persistent dans le monde du travail et s’exprime sous de nombreuses formes : ignorance, agression physique, discrimination, harcèlement, insultes, chantage…
Selon le rapport, les témoignages sont d’autant plus nombreux que la parole homophobe peut prendre de multiples formes et a été décomplexée suite à l’adoption du mariage pour tous.
Les insultes que subissent les homosexuels proviennent en majorité de leurs collaborateurs-trices directs (collègues 47 %, supérieur hiérarchique 44 %) et le rapport fait état d’une multiplication des refus de promotion, d’accusations infondées, d’insultes et insiste sur la difficulté de prouver ces actes, de part soit l’absence de témoins, soit la peur de ceux-ci de perdre leur travail.
Le cadre professionnel est donc perçu comme anxiogène et peu sécurisant pour les salarié(e)s homosexuel(le)s qui sont contraints de cacher leur vie personnelle au risque de ne pas s’intégrer dans l’entreprise et d’être mis en retrait, ou au contraire, s’assumer totalement et prendre le risque d’être discriminé.
Le rapport dénonce également, l’omerta et le silence de la hiérarchie lorsque surviennent des faits à caractères homophobes, laquelle a tendance à ignorer, à minimiser, voire, pire, à couvrir les faits.
Les victimes, en l’absence de soutien, envisagent fréquemment la démission afin de faire cesser ces agression et sacrifient ainsi leur carrière professionnelle et voient leur santé largement impactée par des crises d’angoisse, des dépressions, des tentatives de suicide…
Plusieurs témoignages étayent le rapport et permettent de se rendre compte de la dureté de la situation que vivent ces personnes.
Christophe a 40 ans et travaille dans une compagnie d’assurances. Cela fait plusieurs années qu’il est harcelé au travail. A bout de nerfs, il a déjà été arrêté par son médecin pour dépression. Ses collègues tiennent sans cesse des propos homophobes et insultants, mais de façon détournée. Par exemple un collègue va dire à un autre : « Tiens, t’as mis ton jean de PD aujourd’hui ». Il a saisi le département des ressources humaines et la direction mais, après enquête ses supérieurs hiérarchiques n’ont pas jugé utile de poursuivre les investigations. Christophe est éloigné de l’équipe et déjeune seul. Toutes ses candidatures sont systématiquement rejetées. Il se rend au travail avec une boule au ventre.
Donovan est un jeune apprenti en boulangerie de 17 ans. Depuis que son employeur a appris son homosexualité, il l’insulte quotidiennement. Donovan est actuellement en arrêt-maladie pour dépression. Il a tenté de se suicider. Il est suivi depuis peu par un psychiatre et vient de porter plainte contre son employeur.
Xavier, 29 ans, vit en Haute-Loire. Ce cadre a vu le comportement d’un de ses collègues de travail et ancien ami changer depuis quelques mois. Les autres salariés n’étant pas au courant de l’homosexualité de Xavier, le collègue en question s’en sert pour le faire chanter en le menaçant de l’outer (identifier quelqu’un comme homosexuel et l’obliger à le révéler). Ce dernier refuse tout contact avec Xavier, ce qui rend le travail très difficile.
Le rapport, tout comme la CFTC Cadres, saluent les initiatives de certaines entreprises et organismes publics qui se sont engagés en 2015 grâce à une série d’engagements internes ou en signant une charte initiée par la fédération d’associations l’Autre Cercle comme l’ont déjà fait par exemple le ministère de l’Economie et des finances, TF1, EDF, BNP Paribas, Général Eletric France ou encore les mairies de Toulouse, Dijon et Paris.