Pôle emploi à l’épreuve du chômage de masse : décryptage de la situation des cadres
Suite à la publication du rapport de la Cour des Comptes Pôle emploi à l’épreuve du chômage de masse (que vous pouvez consulter ici), la CFTC Cadres a été invitée par le site internet courriercadres.com à se positionner sur ledit rapport. Retrouvez ici notre analyse, ou directement sur le site de courrier cadres.
Tirer la sonnette d’alarme
Le rapport de la Cour des comptes, bien que sévère, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la situation des chômeurs et du service public de l’emploi. Forte hausse du nombre de demandeurs d’emploi, de la durée du chômage, augmentation des coûts de suivi, multiplication des acteurs et perte de compétences, sont autant de voyants négatifs sur la mission première de Pôle emploi.
La nécessité d’un traitement égal pour tous
La politique menée depuis 2012 a conduit Pôle emploi à prioriser l’accompagnement “renforcé” des personnes les plus éloignées de l’emploi. Les publics en difficulté sur le marché du travail concentrent donc une bonne partie des efforts et conduit de facto l’organisme à délaisser sa mission fondamentale : créer un lien essentiel entre entreprises et demandeurs d’emploi de toutes catégories, y compris les cadres. L’opérateur national capte en effet, depuis la fin du monopole de placement, principalement les offres d’emploi les plus difficiles à pourvoir. Son efficacité requiert pourtant une large connaissance du marché de l’emploi et notamment des besoins des entreprises, passant par l’égal traitement de tous les secteurs professionnels et de tous les statuts.
Un accompagnement insuffisant
Pour les autres catégories de demandeurs d’emploi, notamment les cadres, la Cour des comptes fait état du constat selon lequel seuls deux entretiens obligatoires sont prévus. Le premier n’intervient au plus tard qu’au 4e mois suivant l’inscription et le second qu’au neuvième, ce qui représente un accompagnement insuffisant même pour un public autonome. Les résultats obtenus en matière de taux de retour à l’emploi sont décevants (5,3 % en 2008 et 3,8 % en 2013) alors que les pays dont les performances s’avèrent les meilleures mettent l’accent sur l’accompagnement. La CFTC-Cadres regrette qu’en France, seul un tiers des dépenses associées aux politiques actives de l’emploi soit consacré à l’accompagnement.
Difficulté accrue en cas de reconversion
Le nombre d’entretiens proposés aux cadres, malgré leur autonomie, est donc insuffisant et si ces derniers sont globalement satisfaits de la qualité d’écoute de leur conseiller ainsi que du temps qui leur est consacré, trop nombreux sont ceux qui déplorent un manque d’efficacité lié à une méconnaissance du marché du travail. La qualité des offres d’emploi proposées est également pointée du doigt par les cadres qui mettent en cause l’inadaptation de celles-ci à leurs compétences ainsi que leur faible nombre. De surcroît, le relatif abandon dont font l’objet les cadres s’exprime particulièrement auprès des ceux ayant la volonté d’opérer une reconversion professionnelle.
Aller vers des formations plus adaptées et accessibles
Les trois types d’accompagnement (suivi, guidé ou renforcé), ainsi que les codes Rome sont trop rigides car ils cherchent à faire rentrer le demandeur d’emploi dans une case dont il est difficile de sortir. Beaucoup de cadres font part de leur déception concernant les propositions de formation permettant une telle reconversion. Aussi, la CFTC Cadres a déjà proposé de leur permettre d’accéder directement à certains ateliers et formations dès l’inscription à Pôle emploi et sans attendre la tenue du premier entretien. La mise en place des nouvelles instances emploi / formation (Coparef et Crefop notamment), ainsi que le développement de partenariats devrait accroître le maillage territorial permettant des formations plus adaptées aux réalités locales du marché du travail, plus proches du demandeur d’emploi et accessibles plus rapidement.
Pôle emploi devrait lui-même être exemplaire
Enfin, la CFTC-Cadres se détache des recommandations de la Cour des comptes préconisant un recours accru aux CDD. En effet, l’embauche sous forme de CDI ou de contrats d’alternance est pour nous la seule manière de maintenir la stabilité des compétences et de gagner en efficience dans les agences. Une grande partie des cadres nous explique que l’accompagnement est aussi une relation de confiance entre le conseiller et le demandeur d’emploi, qui ne peut montrer toute son efficacité que dans la constance. Mais Pôle emploi embauche des contrats subventionnés (contrats aidés, service civique) pour accueillir des personnes elles-mêmes précaires, alors qu’en tant que service public de l’emploi, il devrait montrer l’exemple d’un employeur vertueux, anticipant la gestion et les compétences de son personnel.