Etude : Le bien-être au travail : entre distance et proximité
Une longue étude de l’Apec revient sur le bien-être au travail en l’analysant sous le prisme de la juste distance à trouver avec son entreprise pour se sentir bien dans son travail.
La CFTC Cadres vous propose un résumé de cette étude sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, condition indispensable au bien être dans l’entreprise et sur son poste de travail.
UN DETACHEMENT NECESSAIRE DES INDIVIDUS VIS-A-VIS DE LEUR TRAVAIL
L’importance de l’implication organisationnelle
L’étude s’efforce d’évaluer l’impact d’une distance ou, au contraire, d’une proximité avec le travail au sens large (c’est à dire avec son organisation mais aussi avec son travail) sur le bien-être au travail. Existe-t-il un degré à partir duquel le lien au travail devient excessif ? Le lien qui unit un individu à son organisation doit-il être fort ou faible ?
Selon l’étude, qui s’appuie sur différents travaux, l’implication organisationnelle (le lien entre l’individu et le travail et son organisation) doit être considérée comme une force positive tant pour l’individu que pour la structure. En effet, l’implication organisationnelle découragerait l’absentéisme, l’intention de quitter l’organisation, favorise les comportements de civisme organisationnel, les comportements pro-sociaux et la performance au travail.
D’un point de vue de la santé au travail, l’étude conclut que l’implication organisationnelle a des effets positifs sur la santé au travail, particulièrement sur sa dimension affective. L’implication organisationnelle permet plus de bien être chez les cadres et moins de tensions ou de symptômes de mal-être.
Savoir prendre de la distance et se détacher
Plus que toute autre population, le cadre est soumis à une forte relation avec son organisation. Pour sa direction, le cadre est le ciment du collectif. D’ailleurs, la performance d’une équipe est souvent associée à son implication après de son superviseur. De plus, l’un des rôles majeurs du cadre en entreprise est de favoriser l’implication de ses collaborateurs et leur adhésion à la stratégie de l’entreprise. Par conséquent, il doit lui-même s’investir dans l’organisation.
Le mal être des cadres peut parfois relever d’une trop grande proximité avec leur travail et leur organisation. La difficulté est alors de trouver une « juste distance » : ni trop près ni trop loin, permettant au cadre d’être à la fois concerné, engagé dans son travail, impliqué dans son organisation tout en gardant une capacité suffisante à s’extraire de sa situation de travail pour la relativiser.
La nécessité de prendre de la distance avec son activité se retrouve pendant le travail, ou le cadre doit pouvoir se couper physiquement et psychologiquement du travail par des pauses.
En dehors du travail, les vacances doivent lui permettre de se détacher psychologiquement du travail pour ne pas penser à celui-ci. L’étude montre bien que le détachement psychologique au travail est associé à moins d’épuisement, à une qualité de vie supérieure, à moins de fatigue et à une souffrance au travail moins importante.
Loin de provoquer une rupture avec le travail, le détachement permettrait de concilier bien-être et engagement au travail. Prendre du recul vis-à-vis de son organisation afin de préserver un certain équilibre favorise le bien-être au travail, sans pour autant remettre en cause l’implication des individus, bien au contraire.
LA SITUATION DES CADRES PENDULAIRES
Une seconde partie traite des problématiques spécifiques aux « cadres pendulaires », c’est-à-dire les cadres dont les missions les conduisent à voyager fréquemment, en France ou à l’étranger.
La mobilité professionnelle a cru de plus de 25 % sur les 10 dernières années et devrait continuer d’augmenter de plus de 50 % d’ici 2020. L’internationalisation des organisations va de paire avec l’accroissement de la mobilité internationale.
En moyenne, les cadres pendulaires à l’international effectuent une quinzaine de déplacements par an. Pour les cadres pendulaires nationaux, les contraintes sont au moins aussi importante car la fréquence et la proportion de leurs déplacements, par rapport au temps de travail, sont plus importantes pour eux que pour les cadres pendulaires à l’international.
Les cadres pendulaires internationaux sont des cadres mandatés par leur entreprise, qui font une navette régulière entre leur pays de résidence et un ou des lieux de travail, situés dans un ou des autres pays.
Typiquement, les cadres pendulaires regroupent toutes les spécificités pouvant conduire à des situations de souffrance au travail. Ils semblent destinés à souffrir de stress, d’épuisement professionnel et de conflits travail-famille.
Selon l’étude, l’altération de la santé au travail est le résultat d’un déséquilibre entre des exigences excessives de travail et les ressources à disposition des individus.
Parmi les exigences pesant sur les cadres pendulaires internationaux, voici les principales :
- L’intensité et la fréquence des déplacements qui entraînent un manque d’activité physique, une augmentation de la consommation d’alcool et une élévation du stress du aux voyages.
- Le rythme de travail accentué par une double charge de travail : celle relative aux taches quotidiennes et celles liées au déplacement.
Heureusement, ces cadres disposent de ressources leur permettant de faire face à ces exigences :
- Le soutien social des collègues ou de la hiérarchie, des amis, de la famille.
- Le soutien dit organisationnel permet au cadre de se sentir soutenu et valorisé par l’entreprise.
- Enfin, la responsabilité hiérarchique est considérée comme un juste retour sur investissement en échange de la disponibilité à voyager.
On pourrait penser que les cadres pendulaires internationaux sont plus touchés par des conditions de travail difficiles, de part un rythme de travail intensif, la fréquence des déplacements, la pression liée au respect des délais… Pourtant, il ressort de l’étude qu’ils ne sont pas plus touchés que les autres cadres. Leur niveau de bien être n’est pas moindre que celui des cadres pendulaires nationaux ou des cadres sédentaires. L’explication la plus probable est que les ressources à leur disposition sont suffisantes pour faire face à leurs contraintes. Les responsabilités hiérarchiques ainsi que l’intérêt qu’ils portent dans leur métier compensent un rythme de travail plus intense, ce qui leur permet de bien le vivre nous dit l’étude. Celle-ci insiste en particulier sur la responsabilité hiérarchique dont sont dotés les cadres pendulaires. Loin d’être source d’épuisement ou de mal être, la responsabilité hiérarchique est considérée comme une reconnaissance professionnelle et aide le cadre à trouver normal qu’il doive davantage s’investir dans son travail.
Le soutien de ses collègues entre également en jeu dans le bien être au travail car il offre aux cadres une aide lui permettant de mieux vivre son travail (se sentir bien dans son équipe, dans son organisation) et de faire plus facilement face aux exigences qui lui sont demandées. C’est donc une ressource particulièrement précieuse.
Le soutien doit également venir de la part de l’entreprise. Le cadre qui a l’impression d’être soutenu par son organisation (laquelle se soucie de son bien-être, de sa satisfaction, de ses objectifs et de ses valeurs) sera plus disposé à l’égard de son travail.